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Plongées profondes au Nitrox !

Publié le : 12/05/2021 - Auteur : André PIASECKI
Catégories : Plongée loisir

Plongées profondes au Nitrox !

Tout est dans le titre ...
Avant de commencer, je tiens à dire  que cet article n'est ni une formation Nitrox, ni une recommandation sur la façon de plonger au Nitrox. Cet article ne traite pas de la plongée au Trimix ni des mélanges de décompression TriOx, surOxygénés, Nitrox ou Oxygène pur. Nous parlons ici de plongées avec une mono bouteille dans le dos et sans bloc de décompression. Mais qu'entendons-nous alors par plongées profondes au Nitrox ?  Des plongées dans la zone 40 - 60 mètres avec des PpO2 suprérieures à 1.6. Vous avez déjà essayé ?

Le décor étant planté, il serait intéressant d'avoir un retour d'expériences de votre part et d'échanger sur ce sujet dont personne ne parle ou n'ose parler. 1.6 c'est la Loi !  Circulez, y'a rien à voir !
Et si en restant en deçà de cette limite, nous nous privions d'effets bénéfiques pour notre sécurité !?
Cet article s'adresse avant tout aux plongeurs confirmés et moniteurs qui malgré eux sont devenus des "traumatisés du Nitrox" ou plutôt des traumatisés de l'hyperoxie !
Aussi, je vais vous épargner les éternels paragraphes "Qu'est ce que le Nitrox" ou "Avantages / inconvénients de la plongée au Nitrox", "bla bla bla, bla bla bla" ...

1.6 !
Je me souviens encore de ce plongeur niveau 4 que j'ai vu remonter rapidement en surface "en grillant" tous ses paliers car il venait de s'apercevoir qu'il était à 45 mètres en respirant du Nitrox 32, sans doute effrayé par l'idée de faire une hyperoxie ! Et j'ai en tête des dizaines d'anecdotes de ce type. Pourquoi ? Sans doute parce que durant les formations Nitrox on passe beaucoup plus de temps à vous parler de toxicité de l'Oxygène et de la crise convulsive qu'à développer les bénéfices du Nitrox sur la saturation en Azote ...
Dans ce domaine, comme ailleurs, l'ignorance nous fait faire parfois n'importe quoi.
N'importe quel plongeur ou moniteur de plongée formé au Nitrox a ce chiffre bien en tête.
Tremblez mes amis ! Dépassez cette limite et c'est la mort assurée !
Hyperoxie, voilà le maître mot des formations Nitrox. Cette limite est même ramenée à 1.4 au sein de certaines fédérations ou organismes de plongée. Mais est-ce vraiment dangereux de dépasser cette limite de 1.6 bar de PpO2 ? Est-ce illégal ? Mieux, est-ce bénéfique pour la sécurité du plongeur ?  Côté réglementation, en France la plongée étant régie par le Code du Sport, tout comme rouler à 140 km/h sur l'autoroute, c'est effectivement illégal de dépasser 1.6 de PpO2 en plongée.

Oui mais est-ce dangereux ?
Du point de vue de la santé, sur le plan strictement médical, respirer de grandes quantités d'Oxygène crée du stress oxydatif et provoque un vieillissement prématuré de nos cellules à cause des radicaux libres ainsi libérés qui vont modifier les protéines ainsi que les lipides. La formation des différents radicaux libres est un mécanisme complexe, d'origine cytoplasmique et mitochondrial. Cependant, nous produisons des radicaux libres en permanence même en étant confortablement installé dans notre fauteuil devant une bonne série Netflix ! En plongée, du fait de la respiration sous pression, même en plongeant à l'Air, il est probable que nous produisons déjà plus de radicaux libres qu'en surface.  Mais tout est question de quantité et de temps d'exposition. En course à pied par exemple, il est admis que courir en endurance fondamentale pendant 40 minutes est bénéfique pour la santé alors que faire un marathon crée beaucoup de stress oxydatif. Aussi, en plongeant au Nitrox avec de fortes PpO2, nous allons produire plus de radicaux libres qu'en plongeant à l'Air. Mais lors des formations Nitrox lorsque l'on vous dit que dépasser 1.6 bar de PpO2 est dangereux, on ne parle pas de vieillissement cellulaire mais bien d'hyperoxie !

Tolérance à l'Oxygène
On peut se demander d'où vient cette limite d'une PpO2 de 1.6 bar ?
Pour ceux d'entre nous qui sont coutumiers d'analyses et critiques médicales, il faut reconnaître que dans ce domaine, rien ne nous éclaire sur la toxicité de l'oxygène chez le plongeur loisir . En 1878, Paul Bert, médecin et Professeur de physiologie fut le 1er à décrire la crise convulsive de l'hyperoxie chez des pinsons qu'il exposa à 15 Atmosphères en leur faisant respirer de l'Air. Cette crise porte aujourd'hui le nom "d'effet Paul Bert". Mais quelle valeur scientifique peut-on octroyer à cette expérience ? Si ce n'est que des oiseaux convulsent à 3.15 de PpO2.  Et qui aurait pour idée de plonger à 3.15 bar de PpO2 à l'Air (140 mètres) !?  Aucun plongeur tek en tous cas ...
La limite de 1.6 nous ne la devons donc pas à Monsieur Bert.
En fait, les principales études sur le sujet datent des années 50 et ont été conduites principalement par la marine Anglaise et Américaine sur des plongeurs de combat en exercices intenses, respirant de l'Oxygène à 100% sur des durées longues et à des profondeurs allant jusqu'à 13.5 mètres, soit 2.35 de PpO2. Vers 1980, l'US Navy montra qu'en dessous de 1.76 de PpO2, la probabilité d'hyperoxie était faible et qu'en dessous de 1.3 le risque était quasi nul. Mais ces études ont été une nouvelle fois réalisées avec des plongeurs de combat en exercices intenses, avec 100% d'oxygène et durant plusieurs heures ...
Malheureusement personne n'a encore étudié la toxicité de l'oxygène sur des plongeurs loisirs respirant du Nitrox à des PpO2 élevées pendant quelques minutes.

Ce qu'il ressort des études de la Royal Navy et de l'US Navy

-        le temps d'exposition à des PpO2 élevées est un facteur déterminant de la crise convulsive
-        il y a une variation individuelle pour la tolérance à l'Oxygène
-        le milieu humide diminue la tolérance à l'Oxygène et le milieu humide froid (moins de 9°) encore plus
-        l'exercice intense diminue la tolérance à l'Oxygène
-        la rétention de CO2 diminue la tolérance à l'Oxygène

En 1991, pour des travaux sous-marins, la NOAA publie une table de durées d'expositions en fonction de chaque PpO2. La PpO2 max de cette table est de 1.6 bar et vous autorise a rester à cette pression partielle pendant 45 minutes. On est en droit de se demander combien de temps pourrions nous rester à 2 bar de PpO2 ou à 2.5 ?

Le CNS Clock
En analysant de façon objective toutes ces études, on se rend compte que le CNS Clock, donc la durée d'exposition à différentes PpO2 est bien plus déterminant que la PpO2 en elle-même. Aussi, un plongeur descendant à 60 mètres avec une mono bouteille 15 litres dans le dos et en respirant un Nitrox 32 ne va guère rester plus de 5 minutes à 2.24 de PpO2. Je connais pas mal de plongeurs étrangers qui réalisent ce type de plongées régulièrement sans problème. De plus, pour accroître leur sécurité, ils laissent leurs ordinateurs à l'Air tout en respirant du Nitrox 32. Cela permet de faire croire à l'ordinateur que vous inhalez plus d'Azote que ce vous en respirez réellement. Bien entendu cette technique nécessite d'avoir une bonne maîtrise technique car de fait, les informations de PpO2 et CNS Clock fournies par l'ordinateur seront erronées. Mais est-ce vraiment un problème ?
En oxygénothérapie hyperbare on utilise aussi des fortes PpO2 sur des séances qui durent généralement 90 min. Ainsi, selon les indications, on vous fera respirer de l'oxygène à des PpO2 comprises entre 2.5 et 3 bar pendant 60 min et tous les Caissons Masters vous le diront, il y a très peu de problème d'hyperoxie. Certes c'est sous surveillance médicale et le milieu sec améliore la tolérance à l'oxygène ...

Y a t il des avantages de plonger profond au Nitrox ?
Pour répondre à cette question, il convient de développer les principaux risques de la plongée profonde :

Narcose :
J'ai souvent entendu des moniteurs dire à leurs élèves qu'avec du Nitrox on était moins narcosé par rapport à la même plongée à l'Air. C'est tout à fait inexact de dire cela car certes dans un mélange Nitrox il y a moins d'Azote que dans l'Air mais cet Azote est remplacé par de l'Oxygène. Et personne n'a jamais démontré que l'Oxygène était moins narcotique que l'Azote. Pour avoir un mélange moins narcotique que l'Air, il faudrait remplacer cette fraction d'Azote par de l'Hélium qui est 4 à 5 fois moins narcotique que l'Azote. Cela s'appelle du Trimix mais ce n'est pas le sujet de cet article ...

Essoufflement :
A 60 mètres de profondeur, l'Air est 7 fois plus dense qu'en surface. Cela fatigue énormément les muscles respiratoires. C'est un risque dont il faut tenir compte lorsque l'on descend profond. L'Oxygène ayant une densité légèrement supérieure à l'Azote, ce risque est même un peu accentué avec du Nitrox. Certes la différence de densité entre un Nitrox 32 et l'Air est quasi nulle mais sur le plan strict de l'essoufflement, la préférence sera donnée à l'Air. Et tout comme dans le paragraphe précédent, pour réduire les risques d'essoufflement, il faudrait remplacer la fraction d'Azote par un gaz beaucoup plus léger comme l'Hélium et donc de plonger au Trimix.

ADD (Accident De Décompression) :
Je pense que tout le monde sera d'accord sur ce point. Toutes choses égales par ailleurs, plus on va profond plus le risque d'accident de décompression est élevé. Prenons l'exemple de 2 plongées successives avec un intervalle de surface d'environ 3 heures. Deux vraies plongées avec de bonnes ballades au fond. La 1ère à une profondeur de 60 mètres et la 2ème à 50 mètres. Tout en respectant les paliers édictés par votre ordinateur ou même ceux de vos tables de plongée françaises, oseriez-vous faire ces plongées à l'Air ? Personnellement je ne m'y risquerais pas ! Mais au Nitrox 32, avec des PpO2 élevées, vous imaginez les avantages sur votre Gradient d'Azote ? Si de plus vous laissez votre ordinateur à l'Air, vous améliorez encore plus votre sécurité sur le plan de l'ADD. Je connais pas mal de plongeurs qui réalisent régulièrement ce genre de plongée au Nitrox 32 sans aucun problème.

Conclusion :
Dans mon métier je côtoie beaucoup de plongeurs et malheureusement j'ai déjà vu pas mal d'accidents de décompression de gravités diverses. De mon expérience, presque à chaque fois c'était le même profil :  plongées à plus de 30 mètres, respect des paliers de l'ordinateur et plongée à l'Air. Mais je n'ai jamais vu d'ADD sous Nitrox même chez des plongeurs effectuant des plongées successives profondes au Nitrox. Alors bien entendu, l'objet de cet article n'est pas de faire l'apologie de plonger profond à PpO2 élevées, ni même de plonger profond tout court. Cet article s'adressant à minima à des plongeurs confirmés, il se veut comme un point de réflexion sur un sujet dont personne ne parle. Aussi, n'hésitez pas à nous faire part de votre expérience sur les différents thèmes évoqués plus haut.

A propos de l'auteur



André PIASECKI

Rédacteur en chef de diveboutik.com, véritable passionné de plongée et de sports extrêmes, André est un plongeur expérimenté et un moniteur confirmé. Instructeur et moniteur full trimix dans 5 des plus importantes organisations de plongée au monde, André a déjà trempé ses palmes un peu partout sur la planète !   N'hésitez pas à lui envoyer vos commentaires sur ses articles ...

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